Enfant, au Pouldu, dans le Finistère, j'ouvrais grand les yeux lorsque chacun des cirques ou des palques qui ponctuaient la saison d'été s'installait tôt matin dans les dunes, en bordure de la plage des Grands Sables. Lorsque c'était Pinder, l'après-midi il y avait des jeux sur un podium. Et puis, durant la séance, l'enregistrement du Jeu des mille francs.
Il y avait aussi le gigantesque podium d'Europe 1, parmi tous ces cirques. Toute la mécanique du spectacle de passage, se déployant puis disparaissant. Je me souviens aussi d'un soir d'hiver à Lorient, du Grand cirque de France installé devant le Palladium, cette rustine de grand hall palliant aux lenteurs de la reconstruction complète de la ville. Dans ce chapiteau à trois pistes, la famille Bouglione produisait le spectacle Ben Hur vivant. Nos billets nous plaçaient à mi-hauteur des gradins, de face presque dans l'arrondi jardin, légèrement sur la gauche de la première piste, là où, durant une grande partie du spectacle, et comme à l'autre extrémité du chapiteau, se produisaient les Appolo en statue vivante, pour moi source de fascination. En plus de l'inoubliable course de chars autour des trois pistes.
Plus tard, aux Beaux-Arts, lorsque j'ai appris la photo, je me souviens avoir fait des photos en coulisses des Tréteaux de France venus interpréter une pièce de Molière au cinéma-théâtre Le Royal. Je me souviens aussi d'un été à Lorient, de prises de vues en matinée, chez Amar, à La Perrière.
Et puis les années ont passé, loin du spectacle, avec d'autres pratiques photographiques, ou ensuite dans la prévention du VIH puis la communication. Jusqu'à ce qu'un emploi très prenant, dans un hebdomadaire, avec des horaires impossibles, fasse de moi un zombie disposant de peu de loisirs. Les soirées peut-être ? Une invitation chez Pinder a été le déclencheur : je ferais, le soir, des photos de spectacle. Ça a commencé par le cirque, puis s'est un peu étendu à d'autres types de spectacles, sur scène ; du théâtre, du musical, au gré des rencontres.
Peu de temps avant de me lancer dans la photo de spectacle vivant, mon Canon F1 étant mort, j'ai opté pour un numérique. La combinaison des avancées technologiques et de mes moyens financiers m'a fait choisir un Olympus compact E10. Très limité, notamment en basses lumières : souvenez-vous que c'était avant les lyres et autres puissants éclairages actuels… Et moins l'établissement ou la production était fortuné, moins les lumières étaient satisfaisantes. Même si le numérique de l'époque était balbutiant, il était déjà clair qu'il allait très vite remplacer l'argentique. Que j'ai pratiqué jusque là en prise de vues et au laboratoire.
C'est l'occasion de préciser qu'en argentique, une très grande majorité des photos que les gens se racontent comme "naturelles" sont en effet retravaillées au labo, par toutes les logiques de recadrage, de masquage, de tirage, de choix du type de révélateur et de dureté des papiers, de température des produits, de retouche au pinceau. Tout, donc, sauf naturel. Aujourd'hui, ce sont les logiciels informatiques qui ont pris le relais du labo. Pas un seul photographe digne de ce nom n'a jamais laissé sortir une photo "telle que fixée sur la pellicule". Ceux qui prétendent trouver une qualité dans leur travail au fait de "ne rien toucher" m'étonneront toujours…
Je me suis ensuite muni quelques années d'un D70 Nikon, puis D300, au fil de l'évolution des technologies et de mes moyens, pour en arriver à mon actuel D810, fort satisfaisant.
Je ressens du malaise face aux photos d'une immobilité absolue, lorsqu'elles sont prises à l'occasion d'un numéro centré sur le mouvement, la grande mobilité des corps et des accessoires. Que penser d'une photo où une massue qui s'élève au sommet d'un chapiteau est réduite à la situation d'un objet parfaitement figé entre ciel et terre ? Que penser d'un corps en rotation, parfaitement immobile dont rien ne valoriserait l'effort de l'artiste et le mouvement en cours ? C'est pourtant ce qu'on voit le plus souvent, issu d'une utilisation permanente des automatismes des appareils, pourtant dotés de tas d'autres fonctions qu'offre l'informatique. Donc j'effectue le plus souvent mes prises de vues en-dessous du 100e de seconde, et avec le plus possible de contraste entre le sujet principal et les fonds. Le sujet émerge du flou, vit dans le flou.
Il m'a été impossible, faute de temps, d'alimenter un premier essai de site il y a une dizaine d'années, qui était trop complexe, et j'ai profité des confinements pour me lancer à nouveau dans les sélections et traitements sans fin, mais nous y voici enfin… C'est déjà une bonne moitié de mes prises de vues qui est désormais en ligne.
De 2003 à maintenant, ce site achevé recouvrira tous les événements en Île-de-France et rarement ailleurs, principalement Saint-Paul-lès-Dax, où il m'a été possible d'effectuer des prises de vues. L'outil de recherche, par artiste, par événement, par date, vous permettra d'organiser votre voyage au sein de mes archives. Voyage dont j'espère qu'il vous plaira. Réagissez, l'onglet contact est là pour ça…
• Voici déjà plus de 5000 photos de 600 numéros, sur un total de plus de 1200 artistes ou spectacles, et 10000 photos une fois toutes mes archives traitées, sans doute d'ici 2022.
• À noter que je vais créer très prochainement dans la section "par artistes" 2 catégories en plus de l'alphabétique : les présentateurs 1 et les scolaires.
• C'est dire si vous pouvez y passer et repasser, surtout, en plus, à l'occasion de nouveaux événements.
Bonne visite !
1 En ligne depuis fin janvier
Dans l'outil de recherche "par artiste", à la suite de l'alphabétique (A - B - C, etc.) vous pouvez désormais cliquer sur "Présentateurs" pour accéder à la liste correspondante.
La venue de Dima Shine en guest lors du 41e Festival du cirque de demain
est l'occasion de le retrouver dans mes prises de vues antérieures.
Il vit actuellement aux USA, où il enseigne le fitness.